Gabriel Weber : Le sculpteur des objets oubliés

Un jour, chez Pearl, quelqu’un est venu nous déposer un drôle d’oiseau. Un héron, majestueux et singulier, réalisé à partir d’objets de récupération. Intrigués par cet animal aussi fascinant qu’insolite, nous nous sommes demandés qui pouvait bien en être l’auteur et comment il avait été créé. C’est ainsi que nous avons rencontré Gabriel Weber, un artiste au parcours atypique et à l’imagination débordante.

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Un parcours forgé par la passion et la matière

Gabriel Weber, aujourd’hui à la retraite, a derrière lui un riche parcours professionnel. Originaire de la région de Colmar, il a commencé par un apprentissage en chaudronnerie, un métier technique et manuel qui lui a permis de gravir les échelons jusqu’à devenir chef d’atelier dans la conception de machines spéciales. « Pour réussir, il faut en vouloir », dit-il avec un sourire.

Très jeune, sa mère l’avait amené visiter un atelier de chaudronnerie, et dès cet instant, il avait su que son avenir se construirait autour de la matière. « Toucher la matière » était déjà pour lui une source de fascination. Mais si son travail accaparait beaucoup de son temps, l’envie de créer, de façonner et d’assembler ne l’a jamais quitté. « Il faut être passionné par son métier », confie-t-il.

Pour Gabriel, le travail était une école de rigueur et de persévérance, mais il aspirait aussi à d’autres formes de création. Cette fibre artistique, longtemps en sommeil, a attendu le bon moment pour éclore pleinement.

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De la conception à la réalisation : une démarche artistique singulière

Ce n’est qu’à la retraite que Gabriel a pu donner libre cours à son inspiration. Installé dans une maison avec un vaste sous-sol dans le Val de Villé, il a transformé cet espace en un atelier chaleureux, soigneusement organisé, et équipé d’une multitude d’outils. Contrairement à sa vie professionnelle, où il partait d’une feuille blanche pour créer des volumes, son art repose sur le recyclage et l’assemblage d’objets existants. « J’aime prendre des choses toutes faites et les associer. Paradoxalement, pour moi, c’est plus difficile que de les fabriquer directement », explique-t-il.

Dans son atelier, chaque objet raconte une histoire. Faux, scies, bouillottes, tendeurs de chaussures, faucilles… Tous ces outils, souvent anciens, l’inspirent. Gabriel chine sur les marchés aux puces, les brocantes ou récupère des objets que lui apportent amis et connaissances, y compris des déchets mis de côté chez Pearl, grâce à son fils qui y travaille. Il imagine le passé de chaque pièce : une faux qui a coupé des milliers de brins d’herbe, une bouillotte qui a réchauffé d’innombrables nuits d’hiver. Ces objets abîmés ou désuets trouvent une nouvelle vie dans ses mains expertes.

Ses créations prennent souvent la forme de bateaux, d’animaux, de personnages ou encore de lampes. Chaque sculpture est unique, même lorsqu’il s’agit de séries comme ses bateaux à faux, où chaque coque diffère des autres. Il refuse de produire des œuvres en série : « Cela me rappellerait trop mon ancien travail », plaisante-t-il.

Sa créativité jaillit souvent de manière impromptue. « Parfois, je vais fumer une cigarette dans mon atelier, et l’inspiration vient en regardant les objets. » Une fois l’idée trouvée, il passe à la réalisation avec une grande maîtrise technique, acquise au fil des ans. Ses créations allient précision et authenticité, préservant l’âme des objets tout en leur donnant une nouvelle vie.

Gabriel porte une attention particulière aux finitions. « Il faut que ce soit bien fait, mais pas trop parfait. Cela doit garder un côté ancien, authentique », explique-t-il. Il veille à ne jamais détruire complètement l’identité des objets qu’il utilise, leur offrant une transformation respectueuse et créative.

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Les valeurs et l’amour des objets

Ce qui anime Gabriel, au-delà de la création, c’est le respect des objets et de leur histoire. Il ne cherche pas à les détruire ou à les effacer, mais à les magnifier. « Chaque objet a une noblesse et une richesse que j’essaie de transmettre dans mes sculptures », dit-il.

Cet amour des objets est également lié à son goût pour l’unicité. Gabriel ne réalise que des œuvres uniques, refusant la production en série. « Faire pour faire, ce n’est pas mon truc. Cela me rappellerait trop mon ancien travail. » Pour lui, l’art est une passion, pas une industrie. Ses œuvres, il préfère les offrir à ses amis, même si la perspective d’exposer à nouveau le tente parfois (il avait déjà fait une première exposition dans un commerce).

Au-delà de son atelier, Gabriel est un retraité hyperactif. Conseiller municipal engagé dans sa commune, il jongle entre ses nombreuses activités et ses moments de création. Cette vie bien remplie ne l’empêche pas de prendre le temps nécessaire pour chaque sculpture, qu’il réalise toujours avec patience et minutie.

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Vers de nouveaux horizons

Gabriel travaille actuellement sur une horloge, un projet qui, comme tous les autres, n’a pas de calendrier précis. « Quand je commence, je vais au bout, mais je prends mon temps. » Il envisage également de participer à une exposition dans sa commune de Lalaye, dans le tout nouvel espace socio culturel. Plus qu’une opportunité de vendre, ce serait l’occasion de partager son univers.

Inspiré par les objets anciens mais aussi par les matières brutes comme le bois ou l’acier, Gabriel puise dans ses souvenirs, son imaginaire et son environnement. Son atelier bien rangé, véritable sanctuaire de créativité, témoigne de sa passion et de son respect pour chaque outil et matériau.

Son travail est une ode à la matière, à l’histoire et à la créativité. Nous ne pouvons que l’encourager à continuer à transformer les objets oubliés en créations uniques et inspirantes. Merci, Gabriel, pour votre passion et votre talent, qui nous rappellent que l’art peut être trouvé dans les choses les plus simples.